Le soir, après la classe on reprenait avec plaisir ce petit train qui s'époumonait à gravir la rude côte de Belfort. Il allait si lentement que parfois nous descendions en marche du premier wagon pour remonter dans le dernier.
Antoine Casasnovas faisait partie de la fanfare municipale du Cap-Matifou, dirigée par Henri Périano, l'épicier.
Il jouait très bien de la trompette. Cela ne m'étonne pas, son père tenait déjà l'harmonium à l'église. Souvent il égayait le trajet en nous jouant quelques airs à la mode.
Nous rentrions à la maison où, à la lueur d'une bougie ou d'une lampe à pétrole, on faisait nos devoirs. Avec une bourse mes parents ont pu m'envoyer au collège, comme interne, à Maison-Carrée. Mon camarade Antoine a quitté avec ses parents le Cap. Plusieurs années après, quand je l'ai revu il était devenu un brillant musicien. Il dirigeait un orchestre de jazz qui s'est produit plusieurs fois dans des bals au Cap-Matifou. Je garde un souvenir ému de cette époque. Jai eu le grand plaisir de retrouver plus tard Antoine Casasnovas comme chef d'escale d’Air France, dans l'île de St Pierre et Miquelon, bien loin de notre Algérie natale.
La famille Casasnovas est bien restée dans ma mémoire d'enfant.
Je remercie Marc Boronad, créateur du site, d'avoir fait revivre cette famille. Sa mère Espérance, qu'on appelait Nounou déjà, était la sœur aînée de mon ami Antoine. Je me souviens bien de son mariage avec Roger Boronad, son père. Le nom Boronad n'était pas très commun au Cap-Matifou.
Je me disais :"Tiens voilà une mahonnaise qui se marie avec "un étranger"!
C'était plutôt rare! J'avais 13 ans.