Le marquisat de Finale sous la domination espagnole (3)

Le marquisat comprenait à l'époque vingt-sept « terres » dont l’arrière-pays : Massimino, Calizzano, Osiglia, Bormida, Pallare, Carcare.

La population s’élevait à 18-20 000 âmes.

 

Le marquisat était soumis à un gouverneur espagnol, le premier étant Pedro de Toledo qui exerçait notamment la justice.

Dans les statuts du podestat de Calizzano étaient particulièrement surveillés les rapines sur les routes, chemins muletiers qui traversaient des forêts épaisses où les brigands tendaient leurs embuscades et trouvaient refuge dans les bois.

Ces larcins étaient punis de mort, si de plus, il y avait mort d’homme, après la pendaison, le corps était découpé en morceaux et exposé dans les lieux du délit afin qu’il serve d’exemple aux voyageurs. Pour arrêter ces malfaiteurs, le podestat nommait des milices qui pouvaient aussi être utiles en cas de guerre.

Les activités commerciales et productives

Forts de l’appui de l’Espagne, les Finalais développèrent la navigation sans tenir compte des prohibitions et des limitations imposées par les Génois qui revendiquaient le monopole du commerce dans la mer de Ligurie ou l’autorisaient, à condition de payer des droits de douane.

C’est l’empereur qui accorda la possibilité de réaliser un port et de commercer librement. Ce port, prévu à Varigoti, ou à la Caprazoppa ne fut pas construit, soit à cause de difficultés techniques, ou par manque de financement car l’Espagne, affaiblie par les guerres se trouva complètement endettée envers les Génois qui firent tout pour en empêcher la construction.

On se contenta de construire des digues devant la Marina de Finale pour protéger les bateaux. Du « port » de Finale partaient les châtaignes, du bois, des cordages, grains, du fer, du riz… alors qu’arrivait le sucre, le tabac, le sel.

Ces produits alimentaient un florissant commerce routier.

L’industrie, produisait au niveau artisanal du savon (tiré de l’huile d’olive), du papier, des chaussures, des vêtements pour la consommation propre.

La production de bois servait à la construction navale.

 

La production agricole était peu développée, limitée à l’olive sur le versant marin, à peine suffisant pour la consommation locale. Dans l’arrière-pays, la production de châtaignes était déjà abondante, et essicate, elles étaient portées à Finale pour l’exportation.

Il existait déjà une vraie industrie de l’acier essentiellement à Mallare mais étaient présentes à Calizzano, à Bormida, à Osiglia, à Pallare et employaient des centaines de personnes.

La matière première était importée depuis l’île d’Elbe et les produits exportés en évitant les taxes imposées par les Génois.

En conclusion, on peut affirmer que la domination espagnole ne fut pas négative – comme pour le reste de l’Italie – pour la haute vallée du Bormida et le Finalais, bien au contraire. Et même en ce qui concerne les dommages de guerre, les habitants du marquisat souffrirent moins que les habitants des régions alentour où les mêmes espagnols commirent de graves dommages.

Le marquisat territoire stratégique mais économiquement passif pour l’Espagne.

 

Les fortifications

Le marquisat a été acquis pour des motifs stratégiques et commerciaux, pour garantir un débouché sur la mer pour les navires provenant d’Espagne ou du royaume de Naples qui apportaient des troupes, des marchandises à l’Etat de Milan et vice-versa.

Ce territoire devait avoir des moyens de défense et des fortifications adaptés aux attaques par mer comme par terre.

Les ouvrages les plus imposants furent édifiés sur la côte.

Les revenus du marquisat

Le renforcement des châteaux, la construction de forts, les paies des garnisons, et les salaires des fonctionnaires étaient à la charge du roi d’Espagne qui les finançait sur les impôts de l’Etat de Milan.

C’est à Calizzano, lieu d’accès au marquisat que se payaient les taxes sur les produits en transit vers l’Etat de Savoie et le Piémont, à Carcare, celles en transit vers le duché de Monferrat. Cette imposition avait été vivement mais vainement contestée par les autorités locales qui faisaient remarquer qu’à la suite de cette imposition, les marchés hebdomadaires de Calizzano furent désertés alors que s’y réunissaient auparavant 200 à 300 muletiers avec leur marchandises.

On retirait d’autres profit des forêts d’où l’on tirait les bois pour les chantiers navals.

Le commerce du sel, cause de luttes entre Finalais et Génois.

Le sel, denrée essentielle de tous temps fut particulièrement précieux dans le passé, du fait de sa rareté et du plus grand usage pour conserver les aliments.

Le sel, qui était apporté sur la côte ligure pour la consommation propre et l’approvisionnement du Piémont provenait au Moyen Âge de la Camargue puis au XVIIe des Baléares et des côtes espagnoles et africaines.

Comme les Génois détenaient le monopole de la navigation sur la mer de Ligurie, les villes ligures se rebellaient parfois.

En 1292 fut signé entre la république de Gênes et le marquis Antonio del Carretto une convention où les Finalais ne pouvaient ni créer de port ni débarquer ailleurs que dans le port de Gênes où ils devaient payer les droits de douane et gabelles.

En 1340 il fut accordé au marquis Giorgio del Carretto le droit de naviguer sans faire escale à Gênes à condition de payer les taxes dues.

Des douaniers étant en poste à Varigoti et Finale, et en particulier devait être payée la gabelle pour l’introduction du sel. Les gabelous furent chassés et Gênes s’opposa par tous les moyens, usant de représailles sur les navires protégés par l’Espagne.

Finalement, en 1696, Gênes s’entendit avec l’Espagne à laquelle elle paya un important dédommagement. En contrepartie, les Espagnols s’engageaient à faire réduire la contrebande, en attendant d’être bientôt eux-mêmes maîtres du marquisat et ainsi bloquer toute activité commerciale des Finalais.

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