ALGER

BOUFFARICK

KOLEAH

 

 

 

 

 

 

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BOUFFARICK

KOLEAH

RETOUR VERS LA CONQUETE

 

Le voyage de Napoléon III en 1865 à Bouffarick (Boufarik), Koleah, Milianah
le Monde Illustré : 6 mai 1865

ACTUALITÉ : L'Empereur est parti le 29 avril pour l'Algérie. Il était huit heures vingt-cinq minutes lorsqu'il est arrivé à la gare de Lyon, où il a été reçu par MM. Dumon, président du conseil d'administration ; Schneider, vice-président. Le baron Chapelle, M. Parent et plusieurs de MM. les administrateurs, M. le préfet de la Seine et M. le préfet de police s'étaient également rendus à la gare.

L'Empereur, l'Impératrice et le Prince impérial se sont immédiatement dirigés vers le quai de la gare et après s'être entretenu quelques instants avec M. Dumon et M. Schneider, l'Empereur est monté en voiture ainsi que l'Impératrice et le Prince impérial qui l'ont accompagné jusqu'à Fontainebleau, et sont rentrés le soir, à six heures, à Paris.

L'Empereur est arrivé à Lyon le 29 avril, à six heures du soir, Sa Majesté a été reçue à la gare par S Exc. le maréchal Canrobert et le sénateur préfet du Rhône. Elle s'est rendue ensuite à l'hôtel de ville.

Sur tout le parcours l'Empereur a été salué par des acclamations les plus chaleureuses.

Toutes les maisons étaient pavoisées, et la voiture impériale, sans escorte et au pas, pouvait à peine se frayer un passage au milieu de la population accourue de toutes parts.

Un grand dîner a eu lieu à la préfecture.

L'Empereur a visité le 30 au matin la Croix-Rousse ; les rues étaient littéralement encombrées, toutes les maisons étaient pavoisées, et les acclamations les plus chaleureuses ont salué Sa Majesté. Elle était en voiture découverte et sans escorte.

Au moment où l'Empereur a passé par la brèche du mur d'enceinte, sous l'arc de triomphe, l'enthousiasme a éclaté de toutes parts.

Sa Majesté a visité l'hôpital. Elle a entendu la messe dans la chapelle, puis Elle a regagné la gare de Perrache, en franchissant par une seconde brèche le mur d'enceinte à son extrémité.

Jamais l'accueil fait au Souverain n'a été plus franchement sympathique.

L'Empereur a quitté Lyon à onze heures, après avoir eu, à la gare, une entrevue de quelques instants avec S M. l'Empereur de Russie.
M. v.


Voyage de S. M. L'Empereur en Algérie

Nous avons interrompu, dans notre dernier numéro, nos dessins et nos correspondances au moment où l'Empereur mettait le pied sur le sol algérien. Nous avons décrit l'enthousiasme avec lequel S. M. a été reçue par les Européens et les indigènes.

Nous allons continuer aujourd'hui de suivre l'itinéraire parcouru par le souverain de la France, en fixant avec le crayon le souvenir des principales étapes de ce voyage, d'un si grand intérêt pour l'avenir de notre colonie.


Nous avons interrompu, dans notre dernier numéro, nos dessins et nos correspondances au moment où l'Empereur mettait le pied sur le sol algérien. Nous avons décrit l'enthousiasme avec lequel S. M. a été reçue par les Européens et les indigènes.Nous allons continuer aujourd'hui de suivre l'itinéraire parcouru par le souverain de la France, en fixant avec le crayon le souvenir des principales étapes de ce voyage, d'un si grand intérêt pour l'avenir de notre colonie.


SÉJOUR A ALGER : Le jour même de son arrivée, le 3 mai, Sa Majesté, accompagnée de S. Exc. le maréchal de Mac Mahon, gouverneur général de l'Algérie, a fait une promenade dans les environs d'Alger, dans la direction de Mustapha.

En rentrant en ville, Sa Majesté a été l'objet d'une ovation de la part de la population.

Le soir, l'Empereur est sorti à pied, accompagné de S. A. le prince Murat et de quelques personnes de sa suite. Sa Majesté s'est promenée sur la place du Gouvernement qui était féériquement illuminée. La population algérienne l'a accueillie par des vivat réitérés.

Le lendemain l'Empereur a reçu les agas et bachagas de la province d'Alger, et les a invités à déjeuner à sa table. Rien ne peut donner une idée de l'animation qui règne dans toute la colonie.

Des provinces les plus éloignées, les chefs et les simples particuliers sont accourus pour voir le souverain ; la ville d'Alger ne suffit pas à contenir cette multitude d'étrangers, toute la campagne est couverte de tentes ; les goums qui ont suivi les agas et les caïds se sont réunis pour camper à une des portes d'Alger et présentent le coup d'œil le plus pittoresque.


Parmi les chefs reçus en audience se trouvaient les principaux membres de la famille du marabout le plus vénéré de la Mitidja, Si-Aly-Embarek, enterré à Koleah ; parmi eux on voyait le fils d'un ancien khalifah d'Abd-el-Kader, les fils d'un khalifah mort au service de la France, un gendre de l'émir Abd-el-Kader.

Les indigènes se sont retirés émus et reconnaissants des paroles sympathiques que l'Empereur leur a adressées.

Le 5, l'Empereur est sorti à quatre heures avec le maréchal gouverneur pour visiter en détail la ville et les quais.Sa Majesté a voulu se rendre compte par Elle-même des nouvelles améliorations projetées.

Pendant cette promenade, au milieu des centres les plus populeux, l'Empereur a été acclamé avec un enthousiasme qui va toujours croissant.

Le soir, il y a eu grand dîner au palais du Gouvernement.C'est ce même jour que l'Empereur a adressé au peuple arabe cette proclamation qui a été reproduite par tous les journaux et qui, traduite en arabe, a été affichée dans tous les endroits publics et à la porte ainsi que dans l'intérieur des mosquées. L'effet produit par cette proclamation sur la population indigène a été immense. Un de nos dessins représente un épisode de la lecture publique de cette proclamation.

VOYAGE A BOUFFARICK
Le 6, l'Empereur a fait une grande excursion dans la plaine de la Mitidja. Après avoir visité les comices agricoles de Bouffarick, ainsi que l'usine cotonnière et linière très intéresante de M. de Miguil.

Sa Majesté est revenue par l'Oued-Lalleg, Koléah, Bou-Aouda, et est rentrée à Alger par la route pittoresque et hardie qui descend du village de la Bouraria aux carrières de Bab-el-Oued.

C'est une histoire funèbre que celle de l'établissement de la ville de Bouffarick, et le tableau de la mortalité dans la colonie donne des chiffres bien autrement éloquents que la description la plus minutieuse des premières luttes.

Pendant les premières années, la fièvreprélevait un tribut annuel de 20 000 sur la population européenne.

Aller coloniser à Bouffarick, c'était courir, sinon à la mort, du moins à la maladie, à cette fièvre de marais implacable, à laquelle nul ne pouvait se soustraire.

Malgré l'insalubrité notoire de ce point, les colons ne reculèrent pas, et, comme dans un rang de bataille, les vides que la mort faisait étaient instantanément remplis par des hommes qui avaient la foi de la puissance du travail.

A force de lutte, ces hommes tuèrent la fièvre comme nos soldats avaient triomphé de l'ennemi, et aujourd'hui, sur l'emplacement du charnier algérien, s'élève la ville agricole la plus riche et la plus prospère de la grande colonie.

Pour nous, qui avons vu Bouffarick à l'époque rudimentaire, avec sa population hâve, misérable, avec ses marais pestilentiels, sa terre inculte et nue, nous avons été émerveillé de trouver à la même place une population robuste, respirant le bien-être et l'aisance, au milieu d'une luxuriante végétation qu'activent des travaux d'irrigation savamment combinés et qui vont porter la salubrité et la fécondité à tous les points du territoire de la commune. Certes, il y a dans cette transformation un grand enseignement.

C'est au milieu de cette population laborieuse et riche que S. M. Napoléon III est venu le 6 mai présider à la fête agricole. L'Empereur était accompagné du duc de Magenta, du général Fleury, sénateur, du général Castelnau, du colonel Reille, de tout les officiers de Sa Maison, du secrétaire général, du gouverneur et du préfet d'Alger.
 

Après avoir parcouru l'exposition du Comice agricole, sa Majesté est venue se placer sous le pavillon qui lui avait été préparé, elle y a été haranguée par M. de Rubod, président du Comice et par M. Arnould, président de la Société d'agriculture.

La foule avait envahi l'estrade sur laquelle se tenait l'Empereur, et à chaque instant elle acclamait le Souverain par des vivats réitérés ; l'enthousiasme ne connut plus de bornes, lorsque S. M. décora M. Arnould et M. de Franclieu. C'étaient les premières croix que S. M. donnait à l'Algérie depuis son arrivée et elle les attachait sur la poitrine de deux colons, dont l'un, M. de Franclieu, est un des vétérans de la colonie, un de ces vaillants pionniers qui ont défriché la terre, le fusil sur l'épaule.

Après cette visite, l'Empereur est parti pour Koléah et Milianah.


VOYAGE A KOLEAH ET MILIANAH
Comme toutes les villes de l'Algérie, Koléah a son histoire militaire pleine de traits émouvants, et son histoire agricole pleine de luttes.Koléah est une des villes saintes de l'Algérie : le fameux marabout Sidi-Ferruch y est né et ses murs renferment les tombeaux de Sidi-Ali-Embarek et de sa descendance.

Ce dernier marabout est célèbre dans toute l'Algérie et ses miracles sont, dit-on, encore nombreux.

A certaines époques de l'année, les pèlerins abondent et viennent s'agenouiller sur sa tombe qui s'élève entre un palmier et un cyprès. Ces deux arbres ont une légende: ils proviennent l'un et l'autre de semence rapportée de la Mecque par le saint homme.

 

Pour en hâter la germination; le marabout les a conservés dans sa bouche pendant toute la durée de ce long voyage. Les Arabes de Koléah vous raconteront encore que pendant les nuits d'orage, on voit rôder aux alentours de la ville, un lion noir aux rugissements terrifiants. Ce lion, c'est Sidi-Ali-Embarek qui protége la cité bénie.

Comme à Alger, comme à Bouffarik, Sa Majesté fut accueillie avec enthousiasme par la population qui voit dans sa venue le gage certain d'une ère nouvelle de prospérité. Après s'être informé avec bienveillance de la situation de la colonie, l'Empereur reprit la route d'Alger, et traversa tout ce réseau montagneux qui sépare la capitale de l'Algérie de la plaine de la Mitidja, et que l'on nomme, ici le Sahel, pays fertile, fort bien cultivé et parsemé de jolis villages. Partout, sur son passage, l'Empereur était salué par les rudes travailleurs qui quittaient un instant la charrue et la pioche pour venir l'acclamer sur la route.

C'est au milieu d'une ovation continue que Sa Majesté est rentrée à Alger, après avoir traversé Douera et les villages qui se trouvent sur la même ligne.Le lendemain dimanche, à sept heures, Sa Majesté, après avoir entendu le service divin à la cathédrale, prit le chemin de fer de Blidah pour se rendre à Milianah.

Le trajet par la voie ferrée n'eut d'autre incident que l'affluence des colons accourus à toutes les stations pour saluer le Souverain. A l'approche de chaque station, le train impérial ralentissait sa marche pour saluer les populations.

L'Empereur ne s'arrêta pas à Blidah et monta de suite en voiture pour se rendre à Milianah.

A Milianah, l'accueil fut comme partout chaleureux, enthousiaste, les indigènes, plus nombreux sur ce point que les Européens, donnaient des marques non équivoques de leurs sentiments, et les cris de Vive l'Empereur écorchés par des bouches arabes, donnaient un cachet original aux acclamations.

Dès son arrivée l'Empereur reçut à l'hôtel de la subdivision les autorités civiles et militaires et les chefs arabes venus des points méridionaux les plus éloignés pour le saluer.

Aussitôt la réception officielle terminée, Sa Majesté se montra au balcon de l'hôtel et y fut chaleureusement acclamée ; puis les troupes de la garnison défilèrent devant Elle. Le soir, la ville était splendidement illuminée, et l'artillerie tirait un feu d'artifice au pied du Zaccar, haute montagne qui domine la ville au nord. Api es avoir reçu des ovations semblables à celles de a veille, Sa Majesté a quitté Milianah lundi matin et est arrivée à Alger même jour, à cinq heures et demie en suivant la même route.

Léo de Bernard.

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