A la mairie la municipalité Rosfelder est remplacée par une délégation spéciale. L'Algérie coupée de la métropole ne souffrira pas trop des restrictions alimentaires. Mais ils il y aura pénurie d'objets manufacturés. Les restrictions d'essence se font cruellement sentir. On rencontre sur les routes des véhicules avec de grandes chaudières à bois. Ce sont des « gazogènes ». D'autres utilisent le gaz butane pour faire fonctionner leur moteur. La mairie distribue des bons d'essence avec parcimonie.
Cette année 1940, si douloureuse pour la France, va m'apporter un total bouleversement dans mon existence
Revenu à la vie civile, il est temps de me préoccuper de ma situation. Avec mon diplôme du Brevet Supérieur (équivalent au Bac) je postule pour un poste dans l'enseignement. Le 30 octobre I940 exactement je reçois une convocation de l'Académie d'Alger pour rejoindre un poste d'instituteur stagiaire à Castiglione. Dans ma jeunesse j'ai toujours rêvé d'être maître d'école. C'est le début d'une longue carrière au service des jeunes. Je veux rendre à l'école de la République tout ce qu'elle m'a donné.
Pendant les vacances je retourne au Cap dans ma famille. Le village reprend une vie paisible. On suit de près le déroulement des événements, l'occupation de la zone libre Le sabordage de la flotte française à Toulon.
La guerre s'étend à toute l'Europe, au Nord de l'Afrique ; mais l'Algérie est épargnée. A la rentrée d'octobre, je suis envoyé pour un an dans un petit village kabyle près de Dra-el-Mizan, où je fais la connaissance de l'écrivain Emmanuel Roblès, lui aussi instituteur.
La guerre s'étend à toute l'Europe, au Nord de l'Afrique ; mais l'Algérie est épargnée. A la rentrée d'octobre, je suis envoyé pour un an dans un petit village kabyle près de Dra-el-Mizan, où je fais la connaissance de l'écrivain Emmanuel Roblès, lui aussi instituteur.
En Kabylie La population nous accueille à bras ouverts. C'est une expérience que je n'oublierai jamais tant cette population est gentille et accueillante. A mon départ les enfants me font une ovation en chantant la Marseillaise. Dans ma carrière d'instituteur, c'est un moment que je ne pourrai effacer de ma mémoire.
En 1944 je suis envoyé en stage pédagogique à l'Ecole Normale de la Bouzaréah. C'est donc là sur les hauteurs d'Alger que j'assiste à un événement qui marquera un tournant de la guerre. A l'aube du 8 novembre des bruits sourds nous réveillent. Des ombres se faufilent dans la nuit.
Des hommes armés jusqu'aux dents envahissent les rues. Ils sont suivis de véhicules camouflés. Le jour se lève sur Alger. C'est alors que je suis témoin d'un spectacle inouï. La baie d'Alger est remplie de bateaux de toutes sortes battant pavillon américain ou anglais. Je comprends alors qu'il y a un débarquement de troupes alliées.