Cette photo a été prise à l’époque lors de l’inauguration du terrain de boules. Je revois cette photo avec émotion.
On y voit le maire, Monsieur Rosfelder et deux jeunes du Cap : Yvette Périano, la fille de l’épicier Henri Périano qui était en même temps chef de la fanfare. Le garçon est le fils du boucher Serra. Sa sœur Francette est l’auteur d’un joli poème qu’on peut lire sur ce site. Je ne saurais dire combien d’heures j’ai passées sur ce terrain.
Le jeu de boules était au Cap un des seuls loisirs pour la population. Jeunes et vieux de tous les âges se côtoyaient.
Sur la place de l’église nous étions quelques jeunes à jouer au ballon.
Il n’y avait pas d’équipe de foot au Cap Matifou, mais les dirigeants du club d’Aïn-Taya eurent vite fait de repérer les meilleurs d’entre nous.
Un de mes bons camarades Ernest Dabadie a été un brillant goal de l’USAT. J’ai joué avec lui dans cette équipe d’Ain-Taya, mais ma carrière de footballeur ne dura pas plus d’une saison. Une fracture au poignet droit m’obligea à y renoncer. J’étais bien malheureux car je ne pouvais plus écrire, ni jouer aux boules !
Sortant du collège, à 17 ans, avec un modeste brevet élémentaire, j’ai eu la chance de trouver à la mairie du village un emploi de secrétaire. Les employés municipaux n’étaient pas très nombreux. Je citerai le secrétaire général, un retraité : Monsieur Karr, le Garde Champêtre: Monsieur Joly, Monsieur Périano : le cantonnier, Monsieur Blanès : le fontainier dont le métier était de mettre du chlore dans l’eau, ce qui n’empêchait pas que la fièvre typhoïde fasse des dégâts chez les jeunes.

A côté de mes fonctions de secrétaire de mairie, j'étais le correspondant local du quotidien l'Echo d'Alger, appartenant au puissant sénateur Duroux. Je relatais rarement des faits divers, car l'ambiance était plutôt calme dans le village.
Il y avait bien une prison ; mais je n'y ai jamais vu le moindre prisonnier. Cependant un jour j'ai dû faire un reportage sur un bateau des républicains espagnols le" Mac Caribe", échoué sur la côte, près de l'embouchure du Hamiz, pour échapper aux navires de guerre de Franco. J'étais ainsi fier de pouvoir faire sortir le Cap son anonymat. Dans la chronique locale du journal, j'annonçais les bals, les naissances, les décès. Les mariages en général se passaient simplement en famille.
Je me souviens du mariage d'un fils Mercadal (propriétaire du Fort Turc) qui a fait sensation au village. Les jeunes mariés et leurs invités nous ont offert, comme dans un mariage princier, un défilé en calèches, de la mairie à l'Eglise. La même famille, au décès du grand-père, a fait accompagner le cortège funèbre par la fanfare du Cap. C'est bien dommage qu'à l'époque il n'y avait pas beaucoup d'appareils photo, car ces deux événements, qui peuvent paraître insolites de nos jours, auraient marqué pour longtemps les annales de notre petit village.